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Interview Indira Gandhi HISTORIA

Historia - À quoi l’enfance d’Indira Gandhi ressemble-t-elle ?

François Gautier - Indira (1917-1984) grandit à l'époque de la colonisation anglaise, dans le palais de son grand-père, dans le nord de l’Inde, à Allahabad (actuellement Prayagraj). Cette immense propriété, comportant quarante-deux chambres, est surnommée « Anand Bhavan », ce qui signifie la « Maison de la Joie ». La petite fille est donc entourée de richesse, mais elle vit une enfance solitaire. Son père, Jawaharlal Nehru, avocat, est l’un des leaders du mouvement indépendantiste non-violent auprès du Mahatma Gandhi. Il est incarcéré régulièrement par les Anglais et passe une dizaine d’années en prison. Cette enfance tourmentée marquera Indira pour toute sa vie et fera d’elle une Première ministre solitaire.

Quelle éducation reçoit-elle ? 

Elle est d’abord éduquée à domicile par une « nanny » irlandaise, qui lui apprend notamment l’anglais, les mathématiques et quelques notions de français, avant d’être envoyée dans un couvent dans les montagnes du nord de l’Inde. Puis elle passe beaucoup de temps en Suisse, pour être avec sa mère, Kamala. Souffrant de la tuberculose, cette dernière fréquente les sanatoriums les plus « réputés » du pays, en particulier celui de Crans-Montana. Indira étudie à l’École nouvelle de la Suisse romande, non loin de Lausanne, où elle apprend le français. Puis elle part faire ses études supérieures en Angleterre. Son père souhaite qu’elle prépare le concours d’entrée à Oxford, ayant lui-même étudié dans le pays. Elle le réussit en 1937, au bout de sa troisième tentative – le latin étant sa bête noire. À cette même période, elle s’éprend de Feroze Gandhi, un Parsi, originaire d’un milieu modeste – sans lien de parenté avec le Mahatma Gandhi. Ils se marient en 1942, et ont deux enfants : Rajiv et Sanjay. Mais Feroze est vite infidèle et ce mariage sera malheureux.

Comment fait-elle son entrée en politique ?

Jawaharlal Nehru, le père d’Indira, devient Premier ministre de l’Inde en 1947, au moment de l’indépendance du pays. Sa femme Kamala est morte en 1936 : c’est donc sa fille Indira qui prend une place importante à ses côtés. Elle devient son assistante, l’accompagne pendant les visites officielles, s’occupe de la préparation des dîners d’apparat. C’est ainsi qu’elle apprend la politique. Nerhu meurt d’une crise cardiaque en 1964, peu après la fin de la guerre sino-indienne, dont il ne s’est jamais remis. Le parti du Congrès se tourne alors vers Indira pour qu’elle devienne Première ministre. En occident, l’aspect dynastique est vu comme quelque chose de négatif, mais, en Inde, il y a une vénération pour les personnes au pouvoir et leurs descendants. Dans un premier temps, Indira refuse de prendre la tête du pays et devient ministre de l’Information. Puis elle est nommée présidente du parti du Congrès en 1966, avant d’accéder finalement au poste de Première ministre en 1971. Les membres du Congrès, de vieux apparatchiks, pensaient qu’Indira allait être leur marionnette, une fois au pouvoir. Au contraire, elle se révèle être une redoutable femme politique. Treize ans avant Margaret Thatcher, elle est la première femme chef d’État au monde.

Par quelles mesures phares ses années à la tête du pays sont-elles marquées ?

Elle met en place, avec son père Nehru  un système d’étatisation, copié sur celui de l’Union soviétique. La plupart des banques et des entreprises, notamment dans l’industrie du fer ou de l’aluminium, sont nationalisées – et le sont encore aujourd’hui. Autre exemple : la compagnie aérienne Air India, fondée par J. R. D. Tata, passe également sous la houlette de l’État. Les ministres en profitent pour voyager en avion gratuitement ; le chiffre d’affaires de l’entreprise dégringole. Cette période de nationalisation et de hausse du pouvoir bureaucratique entraîne une forte corruption, dont l’Inde peine toujours à se débarrasser. C’est l’un des gros points noirs de l’héritage laissé par Indira Gandhi.

Quelle politique mène-t-elle sur la scène internationale ? 

Tout d’abord, comme son père, l’un des fondateurs du mouvement des pays non-alignés, Indira est une socialiste dans l’âme et éprouve une véritable méfiance envers les Etats-Unis. Toutefois, elle rencontre le président Lyndon Johnson en 1966 et parvient à le convaincre de faire livrer plusieurs millions de tonnes de blé à l’Inde, pour lutter contre la famine. Ensuite, elle engage son armée en soutien au Pakistan oriental, en 1971. Le Pakistan occidental est écrasé et l’État du Bangladesh voit le jour. Cette victoire militaire rend Indira très populaire. Enfin, dans les années 70, elle décide de doter son pays de la bombe nucléaire, en réaction au lancement du programme nucléaire pakistanais. En 1974, l’Inde devient ainsi la sixième puissance dotée de cette arme de destruction massive dans le monde.

Par quelle méthode gouverne-t-elle ?

On surnomme la Première ministre indienne la « dame de fer d’Asie » ; son pouvoir est absolu. Elle est très méfiante et ne s’entoure que de personnes de confiance, dont ses deux fils. Au moment où elle déclare l’état d’urgence, en 1975 – il durera jusqu’en 1977 –, sans en avertir ses ministres, son fils cadet Sanjay devient son éminence grise. C’est lui qui est notamment à l’origine du programme de stérilisation forcée, lancé en 1976 pour endiguer la surpopulation de l’Inde. Cependant, il meurt brutalement dans un accident d’avion en 1980. Indira est bouleversée et ne s’en remettra jamais.

Comment est-elle assassinée ?

D’abord, il faut rappeler quelques éléments de contexte. Au début des années 1980, le mouvement séparatiste sikh prend forme dans la région du Pendjab, dans le nord du pays. Bhindranwale, un leader radical, est à l’origine de plusieurs actions violentes. En 1982, accompagné de 200 hommes, il se saisit du Temple d’or à Amritsar. Considéré comme la Mecque des sikhs, cet endroit sacré abrite leur livre saint, le Guru Granth Sahib. Pendant deux ans, Bhindranwale fomente des assassinats, notamment contre des leaders sikhs modérés ou des hindous. En juin 1984, après de nombreuses hésitations, Indira Gandhi ordonne l’assaut du Temple d’or – où Bhindranwale  et ses hommes sont toujours réfugiés –, en précisant à ses généraux de ne pas l’endommager. Mais la résistance est forte et l’armée indienne perd de nombreux hommes. Les chefs militaires demandent alors à Indira de mobiliser les tanks, ce qu’elle finit par faire. Si le Temple d’Or ne subit pas de dommage pendant l’attaque, on ne peut pas en dire autant de l’Akal Takht, le lieu où le livre sacré est entreposé tous les soirs. Les sikhs du monde entier sont outrés et ne le pardonneront jamais à Indira Gandhi.

Or, il se trouve que deux des gardes du corps de la Première ministre sont des sikhs. Après l’attaque du Temple d’Or, ses ministres, inquiets, lui demandent de se débarrasser d’eux. Ce qu’Indira refuse, en affirmant qu’elle leur fait confiance. Le 31 octobre 1984 au matin, elle se prépare pour participer à une interview avec Peter Ustinov, acteur, écrivain et metteur en scène britannique. Alors qu’elle quitte sa résidence pour se rendre à son bureau, juste à côté, les deux gardes du corps lui tirent dessus – le premier avec un revolver et le second avec une mitraillette. Elle meurt à l’hôpital quelques heures plus tard, à l’âge de 66 ans. Indira était une femme très courageuse et exceptionnelle. C'est vrai, elle était paranoïaque et exerçait un pouvoir dur, absolu. Elle aimait aussi son pays et a tenté de l’aider à sortir de la misère dans laquelle il se trouvait après l’indépendance. Sa mort a des conséquences dramatiques, puisque des émeutes anti-sikh importantes éclatent dans le pays et le séparatisme sikh sévit encore aujourd’hui avec l’appui financier du Pakistan et d’hommes d’affaires sikhs expatriés au Canada et eux Etats-Unis

 

 


 
 
 

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