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Photo du rédacteurFrancois Gautier

INDE. WIKILEAKS ET LA DYNASTIE GANDHI

La famille Gandhi, qui règne pratiquement sans interruption sur l’Inde depuis l’indépendance, fait encore parler d’elle.

Le quotidien The Hindu, qui a eu accès à des informations compilées par WikiLeaks, cite des télégrammes diplomatiques américains indiquant que Rajiv Gandhi, petit fils de Nehru, avait été recruté en 1976 par le groupe suédois Saab-Scania. « Rajiv Gandhi, souligne le télégramme, a été recruté pour son accès privilégié à sa mère, Indira Gandhi (alors premier ministre) afin de pousser l’armée indienne à commander l’avion de chasse Viggen, fabriqué par la compagnie Saab-Scania, pour un montant de 1600 milliards de roupies ».Une autre dépêche, citant des informations fournies par des responsables de l’ambassade de Suède, indique « que Mme Gandhi, était intensément liée aux négociations, mais sans jamais consulter ses généraux de l’armée de l’air ».

Les Américains ne sont pas tendres avec Rajiv Gandhi, alors pilote pour la compagnie Indian Airlines, et qui ne rentrera en politique qu’après l’assassinat de sa mère : « Nous aurions pensé qu’un pilote de ligne n’est pas le meilleur expert sur lequel s’appuyer pour évaluer un avion de chasse, mais nous parlons d’un pilote qui a une autre qualification, et peut-être une qualification plus pertinente», écrit avec ironie un diplomate, cité dans le quotidien. Cependant le groupe Saab-Scania perdit l’appel d’offres, au profit du britannique Jaguar.

Elu avec une écrasante majorité quelques mois avec la disparition tragique de sa mère (assassinée par ses gardes du corps sikhs), Rajiv Gandhi ne fait pas long feu, sa réputation d’homme intègre étant vite ternie par un scandale impliquant en 1986 le groupe d’armement suédois A.B. Bofors, avec lequel l’Inde avait signé un contrat de 1,4 milliards de dollars pour la livraison de plus 400 canons Howitzer. Le groupe suédois avait été accusé de verser des pots-de-vin à Ottavio Quattrochi, un homme d’affaires italien proche de Rajiv et de son épouse Sonia, Italienne de naissance. L’affaire avait entraîné la défaite du Congrès aux élections de 1989, mais sous le règne actuel de Sonia Gandhi, éminence grise de l’Inde, Ottavio Quattrocchi, fut complètement blanchi et le scandale enterrée pour de bon.

Pourtant Wikileaks n’a pas fini de parler de la famille Gandhi : il y a un an, des télégrammes diplomatiques américains qualifiaient l’héritier de la dynastie, Rahul Gandhi, « d’homme sans consistance ». « Pour se faire un prénom, il devra se salir les mains dans la politique indienne, tumultueuse et sans pitié ». Depuis, bien sûr, Rahul Gandhi s’est « sali les mains » : entre autres, dans l’état central du Gujarat, où il a récemment fait campagne pour son parti le Congrès… qui malheureusement est arrivé bon dernier !

Mais le véritable enjeu, ce sont les élection législatives de 2014, où Rahul sera en lice – justement – contre le premier ministre du Gujarat, Narendra Modi, qui a fait de son état un modèle de développement économique. « On sait cependant que le Congrès a besoin d’énormes fonds pour contester ces élections, fulmine Balbir Punj, un des leaders de l’opposition de la droite hindoue – et c’est grâce aux pots de vin des grands contrats d’état qu’il remplit ses coffres». Balbir fait allusion aux nombreuses affaires de corruption dont le Congrès est accusé, la dernière en date étant ‘Coalgate’ : les ventes sous-évaluées des bassins de charbons indiens, grâce à la collusion entre représentants de l’État et des entreprises privées, et qui aurait rapporté plus de 33 milliards de dollars de bakchichs.

La loi indienne alloue 200.0000 roupies aux députés pour se faire élire ou réélire – mais c’est 10 ou 20 fois plus qui leurs sont nécessaires, ainsi que l’explique Aditya Sinha, rédacteur en chef du journal DNA « en Inde les électeurs s’achètent : une centaine de roupies pour participer à un meeting électoral, une bouteille de mauvais whisky pour voter, cela va jusqu’à des télévisions ou même des ordinateurs portables, comme on l’a vu récemment dans l’état de L’Uttar Pradesh » .

De New Delhi, FRANÇOIS GAUTIER (auteur de « Quand l’Inde s’éveille, la France est endormie », Editions du Rocher 2012)

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